Voilà plus de trois ans, depuis ce 14 juillet 2016 fatal à 86 innocents, que la justice recherche un hypothétique lien entre Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et l’Etat islamique. En vain. Jusqu’ici, il n’y avait eu nulle preuve d’une relation entre le tueur au camion et l’organisation terroriste.
Rien, hormis le mode opératoire. L’attaque sur la promenade des Anglais répondait, en tous points, aux appels de l’EI à tuer des « mécréants » avec les moyens du bord. Y compris avec des véhicules.
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Rien, sinon la revendication de « l’opération d’écrasement de Nice », diffusée par l’organe de presse de Daesh le surlendemain.
Lahouaiej-Bouhlel était alors présenté comme un « soldat du califat ». Revendication opportuniste, pour profiter d’une visibilité mondiale? Pour la première fois, le doute était permis.
Derrière cette revendication, une voix: celle du Français Adrien Guihal. Ce membre de la cellule com’ de Daesh a été arrêté en mai 2018 avec sa famille. Il est détenu depuis dans le nord-est de la Syrie.
C’est-là que s’est rendu récemment le président du Centre d’analyse du terrorisme Jean-Charles Brisard. Début juin, des avocats de victimes avaient transmis aux juges d’instruction une note, suggérant un possible lien de l’éminent propagandiste avec la tragédie de Nice.
Une hypothèse qui prendrait de l’épaisseur.
L’expert a assuré dimanche dans un entretien à nos confrères du JDD avoir pu pour la première fois « établir un lien entre cet homme et l’attentat de Nice du 14 juillet 2016, alors que rien ne semblait jusqu’alors permettre de rapprocher directement Mohamed Lahouaiej-Bouhlel (…) et l’EI. »
Jean-Charles Brisard, le « monsieur terrorisme » de Christian Estrosi depuis décembre dernier, a ajouté que les autorités kurdes lui avaient assuré qu’Adrien Guihal « serait livré à la France si la justice française le réclamait, et qu’il pourrait être auditionné sur place si les magistrats le demandaient. »
Des informations capitales qui, si elles s’avéraient fondées, auraient des conséquences énormes pour les familles des victimes. Car le procès prévu fin 2020 pourrait se tenir devant une cour d’assises spéciale, et pas simplement devant une juridiction de droit commun