Source : France Inter
Cela peut sembler incroyable au vu de l’horreur des faits. Et pourtant. L’auteur de l’attaque ayant été tué, et en raison de la faiblesse des charges qui pèsent sur les mis en examen, il n’est pas exclu que le dossier soit jugé devant un tribunal correctionnel et non devant une cour d’assises spéciale.
Le dossier de l’attentat de Nice (86 morts, le 14 juillet 2016) est probablement le plus symptomatique de ce fossé qui existe parfois entre l’horreur des faits et la faiblesse des charges qui pèsent contre ceux qui sont encore là pour en répondre. Lors d’une rencontre avec les parties civiles il y a quelques mois, le juge d’instruction a prévenu les victimes : certaines charges de « complicité » ou de « terrorisme » auront du mal à tenir judiciairement.
Par ailleurs, certains avocats de parties civiles se sont dernièrement associés à une demande de démise en examen de celui qui avait pourtant été un temps présenté comme le mentor du terroriste, Chokri Chafroud.
Un auteur qui ne répondra jamais de ses actes
Car pour les 8 mis en examen de ce dossier (le neuvième s’est suicidé en prison), le caractère terroriste des infractions pour lesquelles ils sont poursuivis n’est pas forcément établi. Et, comme c’est le cas dans la plupart des procès d’attentat, l’auteur, Mohamed Lahouaiej Boulel, Tunisien de 31 ans, ne sera pas là pour répondre de ses actes, puisqu’il a été tué, au volant de son camion, par les forces de l’ordre, ce 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais.
Mais la justice considère que ce n’est pas parce qu’ils ont été en contact ou aidé le terroriste que les suspects sont eux-mêmes acquis aux thèses de l’Etat islamique. Alors, ce n’est pas un procès pour terrorisme devant une cour d’assises spéciale qui se profile, mais peut-être une audience en correctionnelle pour avoir simplement fourni des armes par exemple.
Revendication opportuniste ou attentat piloté par l’EI ?
Les choses ne sont toutefois pas encore fixées. Afin de soutenir l’accusation de terrorisme, l’association de victimes AFVT a fait parvenir au juge d’instruction une demande pour interroger Adrien Guihal.
Ce djihadiste, actuellement détenu par les Kurdes, a été la voix de la revendication de l’attentat de Nice, deux jours après l’attaque. Mais il pourrait aussi être intervenu en amont. C’est en tout cas ce que sous-entend le centre d’analyse du terrorisme (CAT) qui estime, dans une note versée au dossier, que la cellule médiatique du groupe terroriste état islamique, dont faisait partie Adrien Guihal, avait aussi un rôle opérationnel dans les attentats.
Si le juge répond favorablement à cette demande d’interrogatoire, ce déplacement au Kurdistan syrien pourrait constituer l’un des derniers actes d’enquêtes, avant un renvoi aux assises ou en correctionnelle.