Source : L’Express

Tué le 20 février 2019 en Syrie, Fabien Clain, responsable de la propagande en français de Daech, avait demandé en novembre 2018 à une vieille connaissance toulousaine de commettre une action violente sur le territoire français.

Tué le 20 février 2019 en Syrie, Fabien Clain, responsable de la propagande en français de Daech, avait demandé en novembre 2018 à une vieille connaissance toulousaine de commettre une action violente sur le territoire français.

Tué en Syrie, le responsable de la propagande en français de Daech avait sollicité un ami toulousain – qui a été arrêté à temps – pour passer à l’action.

Quatre mois après sa mort, l’influence et le rôle exacts du Français Fabien Clain au sein de l’État islamique (EI) continuent d’être dévoilés peu à peu. Tué le 20 février 2019 par la frappe d’un drone de la coalition internationale, à Baghouz, aux confins sud-est de la Syrie, Clain, 41 ans, était le principal responsable de la propagande en français de Daech. Avec son frère cadet Jean-Michel, 38 ans, mort des suites de ses blessures quelques jours après, Fabien Clain avait revendiqué les attentats du 13 novembre 2015 au nom de l’organisation terroriste.

Dans un message audio, diffusé sur Internet, il louait les attaques meurtrières à Saint-Denis et dans Paris, en évoquant notamment le XVIIIe arrondissement. Or, aucune action terroriste n’a eu lieu dans ce secteur, ce soir-là. Depuis lors, les juges chargés de l’enquête sur les attentats pensent que Clain était donc au courant du projet, mais aussi probablement impliqué dans la planification des sanglantes opérations de Daech.

Selon nos informations, Fabien Clain, alias Abou Omar, a bel et bien commandité au moins une tentative d’attentat en France, en novembre 2018. Autrement dit, quelques semaines seulement avant d’être tué, et alors même qu’il se trouvait acculé dans les derniers retranchements de l’État islamique. Il aurait en effet fait appel à Sofiane A., l’une de ses vieilles connaissances dans les milieux salafistes toulousains. « Sofiane A. a été interpellé le 6 novembre 2018, après avoir dialogué avec Fabien Clain via une application cryptée, révèle Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme. Ce dernier lui avait demandé de perpétrer une action violente sur le territoire national. »

Ami des frères Merah

Sofiane A., 31 ans, n’est pas un inconnu dans le groupe salafiste dit des « Toulousains ». Il serait non seulement un proche des Clain, mais aussi de Mohamed Merah, l’auteur des tueries de Toulouse et de Montauban, en mars 2012. L’homme, un ancien délinquant, est décrit par les services de renseignement comme un « disciple des frères Clain ». Il serait aussi un ami du frère aîné du tueur, Abdelkader Merah, 36 ans, qui a été condamné en appel le 18 avril dernier à 30 ans de réclusion criminelle pour « complicité » dans la série d’assassinats de 2012.

En 2009, l’intéressé avait séjourné en Égypte avec le frère de Mérah, pour étudier l’arabe et le Coran, mais dans un institut de théologie d’obédience salafiste. En France, il lui avait fourni de fausses fiches de paie avec lesquelles le frère de Mohamed Merah montait des arnaques au crédit à la consommation. Par ailleurs, Sofiane A. aurait aussi fréquenté Sabri Essid, le demi-frère par alliance des Merah (son père s’était remarié religieusement avec leur mère), qui fut un mentor pour Mohamed Merah.

En 2014, Sabri Essid rejoint les rangs de Daech en Syrie avec sa femme, leurs enfants et son propre frère, Walid. L’année suivante, il apparaît dans une vidéo ignoble : on le voit ordonner à son beau-fils, Rayan, âgé de 12 ans, d’exécuter d’une balle dans la tête un otage arabo-israélien, présenté comme un espion du Mossad. Essid est mort en Syrie, à l’automne 2017, dans des circonstances mystérieuses : tué par une mine d’après Daech, exécuté par une branche jusqu’au-boutiste selon les services de renseignement français.

Dans le groupe des Toulousains, Sofiane A. était resté dans l’ombre ces dernières années. Jusqu’à ce qu’il soit sollicité, depuis la Syrie, par Fabien Clain, en novembre dernier. Et qu’il soit repéré, à temps, par les policiers spécialisés.