Source : AFP
Bagdad (AFP) – Accusés d’appartenance au groupe Etat islamique (EI), ils ont été identifiés par un responsable irakien des services de sécurité et le Centre d’analyse du terrorisme (CAT) à Paris: voici, à la faveur d’informations collectées par l’AFP, les profils des 12 Français qui encourent la peine capitale en Irak.
Arrêtés par les Kurdes en Syrie et remis à l’Irak, ils « seront jugés selon la loi irakienne », a annoncé fin février le président irakien Barham Saleh à Paris. Aucune date n’a jusqu’ici été annoncée.
La loi irakienne prévoit jusqu’à la peine de mort pour quiconque a rejoint une organisation « terroriste », qu’il ait ou non combattu.
– Léonard Lopez –
Au début des années 2000, ce Parisien de 32 ans, qui a notamment travaillé dans une libraire musulmane, fait partie des plus actifs sur le site jihadiste francophone de référence d’alors, Ansar Al-Haqq.
En juillet 2015, sous contrôle judiciaire pour son activité sur ce site, Léonard Lopez part avec sa femme et leurs deux enfants. D’abord à Mossoul, dans le nord de l’Irak, puis en Syrie, selon les enquêteurs français.
Condamné en son absence en juillet 2018 à cinq ans de prison dans le dossier Ansar al-Haqq, celui qui se faisait appeler Abou Ibrahim al-Andaloussi au sein de l’EI est sous le coup d’un mandat d’arrêt.
Mais il est surtout connu des services de renseignement pour avoir cofondé l’association Sanabil, dissoute par le gouvernement français fin 2016 car elle contribuait sous couvert d’aide aux détenus à radicaliser des prisonniers.
« Tous ceux qui ont été impliqués directement ou indirectement dans les attentats depuis janvier 2015 ont été en lien direct ou indirect avec Sanabil », assurait à l’époque un enquêteur.
– Kévin Gonot –
Ce Français de 32 ans, né à Figeac (sud-ouest), a été arrêté en Syrie avec son demi-frère Thomas Collange, 31 ans, sa mère et son épouse.
Kévin Gonot affirme que son père, qui avait également rejoint l’EI selon ses « aveux » publiés par la justice irakienne, a été tué à Raqa, ancienne « capitale » de l’EI en Syrie.
Entré illégalement en Syrie via la Turquie selon ses dires, il a d’abord rejoint le Front al-Nosra (ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie) avant de prêter allégeance au « calife » de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi.
Selon la justice irakienne, celui qui se faisait appeler Abou Sofiane au sein de l’EI a reconnu avoir combattu en Syrie et en Irak.
En France, il a déjà été condamné en son absence à neuf ans de prison, selon le CAT.
– Fodil Tahar Aouidate –
Cet homme de 32 ans décrit comme autoritaire, violent et prêt à mourir pour l’idéologie radicale de l’EI a rejoint la Syrie en 2014.
Alors qu’il y combattait, Fodil Tahar Aouidate, a été rejoint par 22 membres de sa famille, selon la justice française.
Originaire de Roubaix (nord), il est soupçonné d’avoir voulu commettre une action violente en France après un premier séjour en Syrie en 2013.
Il était alors connu du renseignement pour ses liens avec la mouvance salafiste belge, notamment Abdelhamid Abaaoud, un des organisateurs présumés des attentats du 13 novembre 2015 en France.
Fin 2015, il était apparu dans une vidéo faisant l’apologie de ces attaques (130 morts). Il y disait son « grand plaisir et grand bonheur de voir ces mécréants souffrir comme nous souffrons ici ». Il menaçait: « on continuera à frapper chez vous ».
Deux de ses soeurs ont été condamnées en France pour « financement du terrorisme », car elles ont, selon le tribunal, envoyé 15.000 euros en Syrie, notamment des allocations familiales perçues par des membres de leur famille après leur départ. Elles attendent leur procès en appel.
– Mustapha Merzoughi –
Ce Français de 37 ans a servi dans l’armée française de 2000 à 2010, notamment « en Afghanistan en 2009 », selon ses « aveux » à la justice irakienne.
En France, il vivait à Toulouse (sud-ouest), d’où venaient aussi les frères Fabien et Jean-Michel Clain qui ont revendiqué les attentats de novembre 2015 avant d’être tués récemment en Syrie.
Mustapha Merzoughi a raconté à ses interrogateurs irakiens avoir rejoint l’EI après « des recherches sur les réseaux sociaux et les sites de l’EI et du Front Al-Nosra ».
Passé par la Belgique puis le Maroc, ce Français d’origine tunisienne a ensuite suivi « des formations religieuses et militaires à Alep » (nord de la Syrie).
Là, il a « prêté allégeance devant un chef de l’EI au visage masqué à Mossoul » parce que, a-t-il expliqué, « les chefs avaient peur d’être reconnus ou identifiés par les combattants étrangers dont ils redoutaient qu’ils soient des espions ».
– Yassine Sakkam –
Ce Français de 29 ans a quitté la France fin 2014 pour aller combattre au sein de l’EI. Il est visé par un mandat d’arrêt criminel français depuis 2016.
Originaire de Lunel, comme une vingtaine d’autres Français de l’EI, il a été l’un des derniers à quitter cette ville du sud de la France. Il a été arrêté en Syrie par les Kurdes.
Il a mis en ligne des photos où il pose avec des armes et, selon le CAT, son frère Karim a commis un attentat suicide à la frontière irako-jordanienne en 2015.
Cité ou apparu dans plusieurs entretiens avec la presse française, il est l’un des Français de l’EI les plus médiatisés.
– Karam El Harchaoui –
Ce Français de 32 ans est parti en Syrie en 2014 depuis la Belgique, selon des informations de presse.
D’après le quotidien belge HLN, son jeune frère et leurs épouses belges étaient également membres de l’EI.
Sur une photo diffusée par la justice irakienne après son arrestation, il apparaît en sweat à capuche, l’avant du crâne dégarni et barbe encadrant son visage.
– Salim Machou –
Ce Français de 41 ans a appartenu à la brigade Tariq ibn Ziyad, une unité de l’EI menée par un ancien légionnaire français, Abdelilah Himich, lui aussi originaire de Lunel, selon le CAT.
Cette « cellule de combattants européens, vivier d’auteurs d’attaques en Irak, en Syrie et à l’étranger », a compté jusqu’à « 300 membres », affirment les autorités américaines.
Salim Machou a, rapporte le CAT, hébergé à Raqa Jonathan Geffroy, un Français capturé en Syrie et remis à la justice française.
Jonathan Geffroy, originaire de Toulouse, a fait de nombreuses révélations, notamment sur les frères Clain, dont la nièce est mariée à Kévin Gonot.
– Vianney Ouraghi –
Ce Français de 28 ans a d’abord rejoint Al-Nosra avant d’intégrer l’EI dès la proclamation de son « califat » en juillet 2014, selon le CAT.
Vianney Ouraghi avait quitté la France en juin 2013 aux côtés du Franco-Algérien Lyes Darani, de même source. Ce dernier a été condamné à huit ans de prison pour avoir voulu préparer un attentat à son retour des zones de combat deux mois plus tard.
Ce Français d’origine algérienne a dit aux enquêteurs irakiens avoir abandonné des études de psychologie en France.
Il est ensuite « allé en Syrie via les Pays-Bas et la Turquie » après avoir été « convaincu de rejoindre l’EI à travers les réseaux sociaux ».
Toujours selon les « aveux » rendus publics par la justice irakienne, il a suivi « des formations religieuses et militaires », puis fait allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi avant de rejoindre « un centre d’accueil des combattants étrangers à Mossoul ».
– Brahim Nejara –
Ce Français de 33 ans a facilité l’envoi de jihadistes en Syrie et est apparu dans une vidéo de l’EI après les attentats de novembre 2015, selon le CAT.
Originaire de Meyzieu, près de Lyon (centre-est), d’où sont partis plusieurs jihadistes français, il a également incité un de ses frères à commettre un attentat en France, de même source.
En Syrie, ajoute le CAT, il a fréquenté Foued Mohamed-Aggad, l’un des kamikazes du Bataclan, salle de spectacles où a eu lieu une des tueries du 13-Novembre.
– Bilel Kabaoui –
Ce Français de 32 ans est parti vers le territoire de l’EI durant l’été 2014, selon le CAT. Il est originaire de Sèvres, en région parisienne.
– Mohammed Berriri –
A 24 ans, il est le plus jeune Français qui sera jugé en Irak pour appartenance à l’EI.
Originaire des Alpes-Maritimes (sud-est), selon le CAT, il apparaît sur un cliché toujours en ligne, arme à la main, posant devant le drapeau noir de l’EI.
Il a été localisé dans différentes provinces de Syrie au sein de l’EI, selon le CAT, qui ne précise pas s’il a également transité ou combattu en Irak.
L’Irak estime toutefois avoir compétence pour juger quiconque ayant rejoint l’EI, arguant que son territoire s’étendait à cheval sur son sol et celui de la Syrie, contrôlant notamment leur très poreuse frontière commune.
– Mourad Delhomme –
Ce Français de 40 ans né en Algérie a été arrêté, selon le CAT, il y a près d’un an à Deir Ezzor, en Syrie.
Le CAT le présente comme un « vétéran du jihad ayant exercé les fonctions de juge » au sein des très redoutés tribunaux de l’EI, qui ordonnaient régulièrement châtiments corporels et exécutions sommaires.