Source : BFMTV
D’ici 2019, une quarantaine d’individus condamnés pour terrorisme devraient sortir des prisons françaises.
Après les revenants, un nouveau phénomène attire l’attention des services judiciaires et de renseignement: celui des sortants. Ces détenus condamnés pour terrorisme et qui auront d’ici peu purgé leur peine, avec parfois le risque de s’être davantage radicalisés lors de leur détention. C’est l’un des points soulignés lundi soir par le procureur de la République de Paris, François Molins, qui s’exprimait sur BFMTV. D’ici 2019, on estime qu’une quarantaine d’individus entrant dans cette catégorie sortiront de prison.
« On court un risque majeur, qui est de voir sortir de prison des gens pas du tout repentis, voire au contraire plus endurcis par leur passage en prison », a estimé le représentant du parquet.
47 libérations entre 2012 et 2023
Au total, il y aurait actuellement plus de 500 détenus condamnés pour terrorisme et 1200 personnes écrouées pour des faits de droit, radicalisées dans les prisons françaises.
Un risque chiffré par une étude du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), dirigé par Jean-Charles Brisard, et dont les résultats ont été rendus publics le 25 mai. D’après ce rapport, qui a passé en revue l’ensemble des individus impliqués dans des affaires de terrorisme en zone irako-syrienne, sur la totalité des incarcérés, 65% auront purgé leur peine d’ici 2020. Soit 115 personnes. Dans le détail, cela représente 25 personnes en 2018, 17 en 2019, et 22 en 2020. On estime aussi qu’entre 2021 et 2023, un pic sera atteint, avec 47 sorties de prison.
Des peines désormais plus lourdes et plus longues
L’imminence de ce phénomène des « sortants » s’explique notamment par le fait que les peines prononcées dans les affaires liées au jihad irako-syrien étaient autrefois plus légères.
« Avant 2016, on ne criminalisait pas car on avait pas tout à fait pris conscience de la menace de Daesh, mais depuis les attentats, on considère que tous ceux qui ont rejoint la zone irako-syrienne pour rejoindre Daesh se rendent coupables d’une association de malfaiteurs terroristes criminelle ce qui les rend passible d’une cour d’assises », a expliqué François Molins.
Surveillance accrue
Les peines prononcées sont désormais plus lourdes et plus longues. Comme le montre le rapport du CAT, en 2014 la moyenne des peines prononcées était de 3 ans et 8 mois. En 2016, elle était de 5 ans et 10 mois, et en 2017 de 7 ans et 1 mois.
Pour pallier les risques après leur sortie de prison, ces détenus pourraient faire l’objet d’une surveillance accrue.
« Ils sont suivis par les services de renseignement bien évidemment, mais c’est tout l’enjeu de l’avenir parce qu’on sait par expérience que tous ceux qui sont impliqués sur des théâtres d’opérations d’organisations terroristes ont toujours eu des conséquences pour la sécurité de notre pays à terme », a précisé Jean-Charles Brisard sur notre antenne lundi soir.
Par Charlie Vandekerkhove
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